Terry et les Pirates

 

 

Parfois, je m’amusais à imaginer quelle forme mes aventures à Babylone pourraient prendre. Il y avait moyen d’en faire des livres, que j’arrivais à lire dans ma tête ; mais, la plupart du temps, c’était des films qu’on en faisait ; remarquez, une fois, j’en ai tiré une pièce dans laquelle je jouais le rôle d’un Hamlet babylonien et où Nana-Dirat, elle, faisait à la fois Gertrude et Ophélie. J’ai abandonné la pièce à la moitié du deuxième acte. Un jour, il va falloir que je la reprenne où je l’ai laissée. Elle se terminera différemment de celle de Shakespeare. Mon Hamlet à moi finira bien.

Nana-Dirat et moi nous envolerons dans un avion que j’aurai inventé, fait de feuilles de palmier et propulsé par un moteur fonctionnant au miel. Nous irons en Egypte par avion souper avec le Pharaon sur une grande barque dorée qui descendra le Nil.

Oui, il va falloir que je la reprenne celle-là, un de ces jours.

J’avais également donné à une demi-douzaine d’aventures à Babylone la forme de bandes dessinées. C’était amusant comme tout de les faire comme ça. J’avais pris pour modèle le genre Terry et les Pirates. Nana-Dirat était formidable en personnage de bande dessinée.

Je venais de terminer une énigme policière en feuilleton, comme ces petits romans qui paraissent dans des revues de détective style Police-Hebdo. En lisant le roman paragraphe après paragraphe, page après page, je traduisais les mots en images que j’arrivais à visualiser et à faire défiler à toute vitesse dans ma tête comme quand on fait un rêve.

Tout s’éclaircissait au moment où je cassais le bras du valet de chambre qui essayait de me poignarder avec le couteau qui lui avait justement servi à assassiner la vieille douairière, une cliente qui m’avait engagé pour que j’enquête sur une histoire de tableaux volés.

« Tu vois », disais-je en me tournant d’un air triomphant vers Nana-Dirat, alors que ce misérable assassin se tordait de douleur sur le plancher et commençait ainsi de payer pour une vie entièrement vouée à la cambriole, à la trahison et au meurtre, « c’est bien le valet de chambre qui est le coupable ! »

« Ohhhhhhhhhh ! » : gémissement du valet de chambre sur le plancher.

Et moi, à Nana-Dirat : « Tu ne voulais pas me croire. Tu disais que ça ne pouvait pas être le valet de chambre ; mais je savais bien, moi ; et maintenant ce porc va payer pour ses crimes. »

Là, je lui donnais un bon coup de pied dans le ventre. Résultat : il cessait d’accorder toute son attention au mal que lui faisait son bras et se mettait à penser à son ventre.

Je n’étais pas seulement le détective le plus célèbre de Babylone ; j’étais aussi le plus implacable, un vrai cœur de pierre. Je n’aimais pas beaucoup les gens qui enfreignaient la loi et il m’arrivait d’être avec eux d’une brutalité extrême.

« Mon chéri, dit Nana-Dirat. Tu es un être tellement merveilleux ; mais, dis-moi, étais-tu vraiment obligé de lui donner un coup de pied dans le ventre ?

– Oui », dis-je.

Nana-Dirat m’a jeté les bras autour du cou et a serré son merveilleux corps tout contre le mien. Puis elle a plongé son regard dans mes yeux froids comme l’acier et m’a souri. « Bah, que veux-tu, dit-elle, personne n’est parfait, dis ma grosse loche ? » Le valet de chambre : « Pitié ! »

Affaire classée !

Un Privé à Babylone
titlepage.xhtml
UN PRIVE A BABYLONE_split_000.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_001.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_002.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_003.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_004.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_005.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_006.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_007.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_008.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_009.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_010.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_011.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_012.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_013.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_014.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_015.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_016.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_017.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_018.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_019.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_020.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_021.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_022.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_023.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_024.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_025.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_026.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_027.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_028.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_029.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_030.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_031.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_032.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_033.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_034.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_035.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_036.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_037.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_038.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_039.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_040.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_041.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_042.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_043.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_044.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_045.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_046.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_047.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_048.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_049.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_050.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_051.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_052.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_053.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_054.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_055.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_056.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_057.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_058.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_059.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_060.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_061.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_062.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_063.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_064.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_065.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_066.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_067.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_068.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_069.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_070.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_071.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_072.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_073.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_074.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_075.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_076.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_077.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_078.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_079.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_080.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_081.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_082.htm
UN PRIVE A BABYLONE_split_083.htm